Une halle biotech pour accélérer le passage de la recherche à l’industrialisation

Transformer la biomasse, avec des bio-procédés, pour produire des molécules qui peuvent servir des applications dans des champs aussi variés que l’agro-alimentaire ou la cosmétique, est l’un des axes de recherche fort de l’INSA Toulouse, sur lequel travaillent aujourd’hui trois laboratoires et plus de 400 personnes. Grâce à la construction d’une nouvelle plateforme dédiée aux biotechnologies industrielles, l’INSA Toulouse espère accélérer le développement des bio-procédés et permettre le passage de l’échelle recherche à celle de la production pré-industrielle.

Lauréate d’un appel à projet dans le cadre du CPER (Contrat de plan État-Région), la halle de Biotechnologie industrielle est passée officiellement cet été de statut de projet à celui de programme. La présence de la halle au sein de l’INSA Toulouse viendra consolider et accélérer la recherche et le développement en bio-procédés en proposant, via la mutualisation d’équipements et de compétences, des modèles de production pré-industriels. La construction de cette halle devrait démarrer l’été prochain, avec la démolition du bâtiment, ex Halle GPE LISBP, situé juste à côté du CRITT Bio-Industries, pour être livrée fin 2024. C’est ainsi 2 500 m2 supplémentaires dédiés aux biotechnologies industrielles qui viendront compléter les moyens déjà existants.

Sa création s’inscrit dans une stratégie de longue date, comme le souligne Bertrand Raquet, directeur de l’INSA Toulouse, celle de « construire un campus à dimension européenne spécialisé dans les biotechnologies et les bio-procédés, sachant que nous avons sur le site plus de 400 personnes qui travaillent déjà autour de ces thématiques ». Mutualiser les équipements sur un lieu unique permettra ainsi de « renforcer l’articulation entre le CRITT Bio-Industries, TBI et TWB, qui jouent déjà un rôle de pré-démonstrateur pour transformer la recherche en innovation ».

Répondre à des enjeux environnementaux

Accélérer le passage de la recherche à une production proche de l’échelle industrielle, répond à une demande forte du territoire. « Avec cette halle, nous allons pouvoir avoir un continuum entre la recherche et le développement technologique jusqu’à l’échelle pré industrielle. La réflexion autour du projet a d’ailleurs été lancée il y a 6 ans, lors d’une réunion à la Région, durant laquelle les industriels avaient soulevé le manque d’outils de démonstration et de changement d’échelle sur ce territoire », explique en effet Françoise Ouarne, la directrice du CRT/CRITT Bio-Industries. « La halle devrait donc permettre de produire des lots avec des dimensionnements pré-industriels pour permettre de mieux définir les coûts des procédés, de qualifier les produits et avoir une première vision du marché. Et ce passage à l’échelle sous-tendra des questions scientifiques ou verroux technologiques que nous pourrons adresser avec TBI et TWB ». À titre d’exemple, les fermenteurs dont dispose le CRITT Bio-Industries aujourd’hui permettent de produire et / ou purifier 300 litres de biomasse. Des équipements de capacité supérieure devraient permettre d’aller jusqu’à 2 m³.

Accompagner et favoriser le développement de bio-procédés utilisant les biotechnologies industrielles permettrait ainsi de répondre à de grands enjeux sociétaux, notamment environnementaux, poursuit le directeur, puisque les travaux menés dans ce domaine « visent à comprendre comment transformer, avec des bio-procédés, donc n’utilisant pas de la chimie classique, la biomasse, donc de la matière d’origine végétale et biosourcée, pour en faire des molécules d’intérêt qui peuvent servir des secteurs industriels très variés, l’alimentation, les matériaux, la pharmacologie, la cosmétique, etc. ».

Le bâtiment ne sera pas seulement dédié au transfert technologique, il servira également la formation des futurs ingénieurs. Il accueillera aussi des start-up pour les accompagner dans leur première phase de développement industriel.