Face à l’augmentation de la population mondiale, au changement climatique, à l’évolution des modes de vie et la transition alimentaire, sécuriser l’approvisionnement alimentaire devient un enjeu majeur pour les filières agricoles et agroalimentaires. Dans ce contexte, la recherche de sources alternatives de protéines est une priorité pour les Politiques. Parmi les perspectives offertes par les biotechnologies, la production de Protéines d’Organismes Unicellulaires (POU), définies comme source de protéines comestibles produite à grande échelle par des microorganismes unicellulaires, représente une source alternative aux protéines d’origines animale et végétale. Par la maîtrise des conduites des bioréacteurs, les étapes d’extraction/purification, la connaissance du métabolisme et la versatilité des microorganismes pour les substrats, il est envisageable de moduler de manière raisonnée la teneur et la composition des POU. En revanche, bien que la production de POU soit étudiée depuis plus de 50 ans, il reste encore des verrous à lever : i) la qualité nutritionnelle et sanitaire, ii) les coûts de production, iii) les impacts environnementaux, l’acceptabilité par les consommateurs et les questions de réglementation. Grâce à un consortium de 6 unités de recherche, 2 centres techniques et 1 partenaire industriel, le projet µO-PROT (ANR-23-DIVP-0001), d’une durée de 5 ans, vise à étudier le potentiel et la faisabilité de la production de POU à partir de levures et bactéries pour l’alimentation humaine en tenant compte des verrous identifiés.
Le caractère original et innovant du projet µO-PROT réside dans l’intégration et la prise en compte dès le départ des différentes composantes : la bioproduction (WP2) et les étapes d’extraction/purification (WP3), jusqu’aux caractérisations nutritionnelles et toxicologiques (WP4), biochimiques et fonctionnelles (WP5), afin d’évaluer le potentiel de cette ressource. Par ailleurs, une tâche (WP6) sera dédiée à l’évaluation des enjeux sociaux tels que l’impact environnemental du procédé, l’évaluation technico-économique, les aspects d’acceptabilité du consommateur ainsi que la réglementation « Novel Food ». Les 6 partenaires académiques apportent une expertise reconnue en, génie des (bio)procédés (TBI, LCAI), physiologie de la nutrition et toxicologie (Toxalim, PNCA), et économie appliquée (PSAE, SayFood) et s’appuient sur 2 Centres Techniques de bioproduction/DSP (CRITT Bio-industries) et de caractérisations biochimiques et fonctionnelles (CRT-CATAR). De plus, l’intégration du partenaire industriel Eurosafe expert en cultures cellulaires/tissus, évaluation toxicologique et réglementation sera très précieuse. Ce consortium et l’approche intégrée systémique proposée permettront d’appréhender, toutes les étapes de la chaîne de développement de ce nouvel ingrédient potentiel.
Ce projet fait l’objet d’une aide de l’ANR de 2 993 779 € dont 1 380 979 € pour l’INSA Toulouse.