En raison de la préoccupation croissante pour les enjeux environnementaux et énergétiques à l’échelle mondiale, le secteur de la construction tend à réduire sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre. La directive 2018/844 renforce cette tendance en incitant les pays européens à élaborer des stratégies pour que les nouveaux bâtiments respectent des critères de performance énergétique, tout en promouvant la rénovation des bâtiments existants pour améliorer leur efficacité énergétique d’ici 2050.
Dans ce contexte, les méthodes de construction par surélévation permettent valoriser les bâtiments existants tout en créant de nouveaux logements qui atteignent les objectifs environnementaux et énergétiques. A ces objectifs s’ajoutent cependant des contraintes de masse pour les projets de surélévation, ce qui fait que les structures bois offrent une solution technique pertinente. Cependant, les structures légères sont défavorisées sur le plan du confort thermique d’été en raison de leur faible inertie thermique. C’est-à-dire que les températures intérieures fluctuent avec une amplitude plus grande que pour des constructions plus massives, ce qui génère soit un inconfort des occupants soit une consommation de froid plus élevée. Ce problème peut être en partie résolu par l’ajout de capacités thermiques internes, par exemple à travers l’application d’un enduit intérieur doté d’une forte effusivité thermique. Les études préliminaires ont permis d’identifier que l’argile était un bon candidat de par son faible impact environnemental et ses propriétés thermiques. Les argiles combinent en effet une très forte capacité thermique avec une densité modérée, et pourrait être facilement intégré dans une structure bois.
Une méthodologie multi-échelle a été adoptée pour évaluer l’influence de l’inertie thermique à l’échelle du matériau, de la paroi et du bâtiment. Dans un premier temps, des tests de caractérisation seront effectués au LMDC sur un enduit à base d’argile commercialisé par la société CCM (Compagnie des Chaux et Mortiers). Dans un second temps, l’expérimentation sera portée à l’échelle de la paroi opaque multicouches à travers un test en conditions climatiques réelles. Deux parois, avec et sans enduit sur la face interne, seront ainsi exposées simultanément à des sollicitations dynamiques en partenariat avec l’institut technologique FCBA. L’évaluation à l’échelle du bâtiment comportera enfin deux volets : des logements sociaux récemment construis seront modélisés à l’aide d’outils de Simulation Thermique Dynamique. La modélisation des scénarios d’occupation, d’utilisation des ouvrants et des protections solaires étant un point sensible dans le bilan thermique des logements, des modèles avancés issus de la littérature scientifique seront intégrés afin d’enrichir l’analyse des mérites de l’utilisation de l’enduit. Enfin, le ressenti et les pratiques des occupants des logements sera analysé à travers des enquêtes de terrain menées en partenariat avec le GRECCAU et le bailleur social CDC Habitat. L’objectif est d’identifier les comportements adaptatifs mise en place par les occupants en matière de confort d’été, tout en évaluant leur perception globale du confort.