Paul ANGLES
Le monde (toujours) à portée de main
À seulement 36 ans, Paul Angles est directeur administratif du service des relations internationales à l’INSA Toulouse. Il encadre une dizaine de personnes, gère le budget de son service, fait l’interface avec la direction de l’établissement, négocie des partenariats à l’étranger… Le succès de sa candidature à cette fonction s’explique par le cumul de presque 10 ans d’expérience à l’étranger, dans des environnements culturels et sur des postes très différents, qui l’ont aguerri à la fois au monde de l’enseignement supérieur et au management interculturel.

De 2013 à 2022, durant toute la première partie de sa carrière professionnelle, Paul Angles n’aura jamais travaillé en France. Par choix, explique le jeune homme qui a ensuite rejoint l’INSA Toulouse pour deux raisons principales : il n’avait jusque-là jamais travaillé dans un établissement français et ce nouveau poste, celui de directeur administratif du service des relations internationales, lui gardait encore la porte de l’international grande ouverte, une dimension à laquelle il tient particulièrement. Il a été recruté il y a trois ans, à seulement 33 ans, et titularisé fin 2024. Son expérience et son appétence pour l’international justifiaient le succès de sa candidature. Tout comme la politique de l’INSA, « favorable au recrutement de profils jeunes, ce qui n’est pas le cas partout », souligne-t-il. Un choix qu’il ne regrette pas.
C’est à l’issue de son master 2 recherche en économie appliquée, obtenu à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne après deux ans de classe préparatoire ENS Cachan (École Normale Supérieure) en section économie-gestion, que cette trajectoire va se dessiner. Paul Angles effectuera d’abord un SVE (Service volontaire européen) en Macédoine, de 2014 à 2015, dans une association d’éducation populaire, faute d’avoir obtenu une bourse de thèse pour poursuivre le travail de mémoire initié en M2 sur la fiscalité pour financer l’enseignement supérieur.
Loin d’être un choix par dépit, c’est « l’idée de vivre dans un autre pays, du dépaysement, de la découverte, l’envie de renforcer les langues étrangères, notamment l’anglais pour lequel [il] n’étai[t] pas très bon », qui le mène jusqu’à cette première destination.
À chaque étape, de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences
Cette première année à l’étranger sera bénéfique, comme toutes celles qui vont suivre. Outre améliorer effectivement son anglais, Paul Angles va y trouver « l’ouverture » en côtoyant des volontaires polonais, tchèques, italiens…, et « l’envie de travailler à l’étranger ».
Il s’engage donc dans la foulée, pour deux ans, en VIA (Volontariat international en administration) à l’Ambassade de France en Hongrie à Budapest, pour y faire de la coopération universitaire. Mission qui lui donne l’occasion de se « rapprocher » de sa formation initiale en économie, puisqu’il sera chargé d’enseignement dans une filière d’économie francophone, en plus d’assurer une mission de médiation entre chercheurs et enseignants de France et leurs homologues hongrois pour stimuler les coopérations. Un exercice qui lui fera découvrir, entre autres, les programmes de financement de l’enseignement supérieur : Erasmus +, Agence Universitaire de la Francophonie, Programme Hubert Curien…
De la Macédoine au Cambodge : un parcours « accélérateur de carrière »
Il passera ensuite près de 5 ans au Cambodge, entre 2017 et 2022. Parti là-bas pour y suivre sa compagne recrutée à l’Ambassade de France, il y cumulera deux expériences successives au sein de l’Université Royale de Droit et de sciences économiques de Phnom Penh. Les deux premières années, il enseigne l’économie en licence et master, tout en occupant l’équivalent d’un poste en France de directeur des études et des formations. On lui propose ensuite le poste de directeur du pôle d’économie-gestion. Après avoir supervisé la mise en œuvre des formations au sein de ce pôle (maquettes pédagogiques, organisation de missions de professeurs, suivi des étudiants…), il rentre alors pour la première fois dans la peau d’un « manager ». Ce qui constituera une préfiguration des missions qu’il assume aujourd’hui à l’INSA Toulouse, puisqu’il encadrait des personnels administratifs et assurait le suivi administratif et financier du pôle. C’est là aussi qu’il apprend à monter des réponses à des appels à projets auprès, notamment, de la Banque Mondiale, de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie), de l’AFD (Agence française de développement) ou encore de l’Union européenne.
Ces expériences auront été « de très bonnes opportunités » tout en constituant « un accélérateur de carrière », analyse le jeune directeur. Car ce sont les compétences et connaissances acquises, nombreuses, qui feront le succès de sa candidature en 2022 à l’INSA Toulouse. Des compétences parmi lesquelles figurent aussi des soft skills comme l’apprentissage de codes sociaux et de communication différents, notamment durant ses 5 ans au Cambodge. « On ne peut pas imposer sa manière de faire, il faut comprendre comment vos collègues pensent, agissent, communiquent, sinon cela se passe mal », explique le responsable. « Cela demande beaucoup de remise en question et d’humilité. » Une posture qui ne lui a pas posé de problème, étant lui-même « sensible aux cultures sud-est asiatiques » : « ce sont des cultures où l’expression directe d’un ‘non’ peut être mal perçue, ce qui colle plutôt bien à ma personnalité. D’ailleurs en thaï, le mot ‘non’ n’a pas de traduction littérale : on l’exprime par le ‘pas’ ou par la paraphrase afin de faire comprendre ce qui ne va pas. Et on ne se met pas en colère non plus, c’est un signe de faiblesse. »
« La dimension internationale reste au cœur de mes centres d’intérêt. »
Le goût du challenge
Aujourd’hui, Paul Angles ne regrette pas ce nouveau poste, sur lequel il a été titularisé en décembre dernier après avoir réussi le concours externe ouvert par l’établissement et l’avoir occupé d’abord 2 ans en CDD. La nature du poste et les perspectives d’évolution associées l’avaient séduit. C’était d’abord l’occasion de renforcer ses capacités de manager qu’il avait rodées au Cambodge. L’environnement spécifique, une école d’ingénieurs qui impose la mobilité à tous ses étudiants, donnait également à ce travail « du corps », la politique en matière de mobilité devant obligatoirement être « d’envergure » pour permettre à 500 étudiants de pouvoir effectuer une mobilité internationale chaque année. Ce qui le motivait d’autant plus. « Il faut qu’il y ait un challenge. Si je fais la même chose dans un même contexte, c’est moins stimulant pour moi », confie encore le directeur administratif, qui s’efforce aussi de mettre en place de nouveaux projets et « de donner un nouvel élan à [s]es activités ». C’est ainsi qu’il a, par exemple, remis en route les réponses aux appels à projets, dont ceux d’Erasmus+, activité qui avait subi un coup d’arrêt avec le Covid.
Paul Angles confie avoir encore beaucoup appris ici. Celui-ci peut se prévaloir d’une meilleure connaissance du fonctionnement de l’enseignement supérieur, mais aussi de celui d’une école d’ingénieurs. Au-delà des aspects réglementaires et de tutelle qu’il découvrait pour la première fois, il a été amené à côtoyer de nouveaux réseaux : le Groupe INSA, la Communauté d’enseignement supérieur et de recherche de Toulouse (COMUE) ou encore l’Alliance européenne ECIU University.
Autre nouveauté qu’il explore, le travail de prospection et d’entretien des partenariats internationaux pour soutenir la mobilité. « Cette ouverture au monde continue de m’enrichir », se réjouit le responsable administratif. « Je me suis d’ailleurs déjà demandé si je pourrais exercer les mêmes responsabilités dans un autre service : ce qui est certain, c’est que cette spécificité, le travail avec des cultures différentes qui demande une certaine agilité, une réflexion sur mes comportements pour qu’on se comprenne tous, me manquerait. La dimension internationale reste au cœur de mes centres d’intérêt. » Jusque dans son quotidien, car ses différents voyages ont, dit-il, « modifié en profondeur [s]on mode de vie ». C’est ainsi, par exemple, qu’il est devenu « un inconditionnel de la gastronomie asiatique » ou encore qu’il suit de près la production culturelle cambodgienne, que cela soit les films de réalisateurs comme Rithy Panh ou Davy Chou ou les ouvrages de Sera. Tout comme il continue « à suivre le cours de la vie au Cambodge », grâce à des liens d’amitié forts qu’il a conservés avec des cambodgiens et des expatriés…
Rédaction : Camille Pons, journaliste

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