Germain GARCIA

 

Une vie à l’INSA

40 ans à l’INSA, rien qu’à l’INSA… Entré en tant qu’étudiant ingénieur, Germain Garcia n’en est plus jamais reparti. Il y a fait sa thèse, exercé en tant qu’enseignant-chercheur et grimpé tous les échelons jusqu’au titre de professeur des universités. En parallèle, il a aussi occupé de nombreuses fonctions à responsabilités, pour la formation comme pour la recherche. Passionné et porté par l’envie de « rendre » ce que ce pays, en tant qu’enfant d’immigrés, et ce que cet établissement lui ont donné, ce professeur émérite a décidé de continuer, après son départ à la retraite, d’enseigner et de chercher encore.

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C’est avec une grande fierté que Germain Garcia évoque ses origines et le rôle important qu’a joué son père dans son orientation, celui du choix de l’INSA Toulouse après le bac, alors qu’il pouvait – et voulait – choisir un IUT à Montpellier pour y suivre un camarade de lycée. C’est en effet son père, qui avait passé la frontière espagnole en octobre 1961 avec sa mère, qui le convaincra d’accepter l’INSA. « J’avais un père qui avait compris que l’éducation était quelque chose de primordial : il l’a emporté et je suis venu à Toulouse en 1979 », se souvient avec émotion l’enseignant-chercheur. Germain Garcia se souvient aussi, à l’opposé, du scepticisme de son conseiller d’orientation du lycée Jean Moulin, situé à Pézenas, la petite ville dont il était originaire. Celui-ci n’avait pas hésité à lui dire « c’est très ambitieux, ne vous faites pas d’illusion » lorsqu’il avait rempli son dossier pour postuler. Mais cette première réussite, dit-il, il la doit aux belles rencontres et aux soutiens importants qu’il avait reçus jusque-là : « un instit remarquable » au primaire ou encore les bourses de la France, obtenues grâce à sa naturalisation à l’âge de 10 ans.

Ce à quoi s’ajoutait une passion pour le génie électronique, inspirée, dit-il, d’un héros de la série « Mission impossible ».

Pour autant, l’étudiant, sans rencontrer de « problèmes majeurs » dans sa formation d’ingénieur, va se rendre compte « très rapidement [qu’il n’était] pas fait pour ce métier ». « J’étais beaucoup plus enclin à m’épanouir dans des métiers artistiques, la peinture par exemple. Mais mon père voyait pour moi un avenir plus ‘stable’ : il m’a dit ‘tu fais ce que tu veux’ mais en sous-entendant que j’étais un enfant qui ‘crachait un peu dans la soupe’… Résultat, je suis revenu finir mon cursus », s’amuse l’enseignant.

Le virage vers l’enseignement et la recherche dès la formation

Le stage réalisé en 4e année, chez IBM, confirmera néanmoins que l’ingénierie, « ce n’était pas [son] truc ». Germain Garcia choisit donc le chemin de la thèse, en validant, en même temps que son diplôme d’ingénieur en 1984, un DEA (ex master recherche). Avec la mention bien, ce qui lui permet de décrocher une bourse pour son doctorat. Sa thèse, réalisée au Laboratoire d’architecture des systèmes du centre national pour la recherche scientifique (LAAS-CNRS), portera sur un sujet proposé par le centre R&D de Clamart d’EDF : les méthodes de reconnaissances de formes appliquées à la stabilité du réseau EDF (« Évaluation de la stabilité transitoire des réseaux d’énergie électrique par reconnaissance des formes », 1988). Une « préfiguration de l’IA », explique l’enseignant-chercheur, « puisqu’il s’agissait de mettre au point des méthodes d’apprentissage supervisé qui allaient permettre de garantir automatiquement la stabilité du réseau en cas de panne, accident, etc. » 

Malgré une proposition de poste faite par le service R&D de Clamart après avoir obtenu son doctorat en 1988, Germain Garcia reste campé sur ses positions : « dans ma tête, il n’était pas question de devenir ingénieur. Soit je devenais chercheur au CNRS, soit enseignant-chercheur dans l’enseignement supérieur. Et je ne voulais pas aller à Paris ! » Alors qu’il y avait déjà fait des vacations, il occupera alors un poste d’ATER au département GEI à l’INSA Toulouse, où il décrochera ensuite, en 1989, un poste de maître de conférences sur lequel il sera titularisé l’année suivante. « Je me suis réjoui de l’avoir obtenu à l’INSA : pour les conditions de travail et pour le public étudiant que j’appréciais beaucoup ! », souligne encore l’enseignant-chercheur.

Une prise de responsabilités progressive

Pour s’aligner sur sa spécialité d’enseignement, l’automatique, il orientera ses travaux de recherche dans le même domaine, se spécialisant dans la commande des systèmes, notamment la commande robuste (appliquée aux domaines de l’aéronautique mais aussi des sciences du vivant). Une recherche qui sera marquée par le développement de coopérations à l’international, beaucoup d’enseignements donnés à l’étranger (en Amérique latine, en Espagne, en Tunisie…), mais également par une coopération intense avec des chercheurs CNRS. « Cela me soumettait à un niveau d’exigence important car ces derniers n’avaient pas de charges d’enseignement : cela pousse, mais en même temps cela prend beaucoup d’énergie », se souvient le professeur. « Du coup, au début, ce n’était pas facile. Mais j’ai appris très vite à ‘commuter’, ce qui m’a beaucoup aidé lorsque j’ai assumé ensuite des fonctions administratives. »

Ce que je fais, je le fais par conviction, car je crois au service public.
Et j’ai fait mienne la devise d’un général que j’avais eu au service militaire :
« j’obéis d’amitié » !

En effet, il s’impliquera très vite dans de « l’administratif », dès les années 90, dans le tout premier Conseil scientifique de l’établissement. Le professeur des universités déroulera ensuite d’autres responsabilités en interne, « assez classiques », avant de prendre le poste de directeur adjoint de son département en 1998. Puis, derrière, de 2002 à 2004, il occupera le poste de sous-direction de son pôle de recherche au LAAS, puis celui de directeur adjoint au sein du même laboratoire de 2005 à 2007. La liste ne s’arrête pas là : il reprendra des responsabilités importantes à partir des années 2010 et cumulera, en 10 ans, les fonctions de vice-président de conseil scientifique de l’INSA (de 2014 à 2017), de président d’un conseil d’administration restreint (2018-2020) et de directeur du département GEI (2021-2024), responsabilité durant laquelle il fera émerger la première filière en apprentissage de l’INSA Toulouse, en automatique électronique. « Une filière d’avenir », prêche le professeur. « Car c’est une formation qui répond aux attentes des industriels, mais aussi des académiques puisque cette immersion dans l’industrie nourrit ensuite la formation. Et, parce que les apprentis perçoivent des salaires, cela répond à un enjeu social. »

La fierté d’avoir réalisé un parcours « avec la fine fleur de la recherche et des bacheliers »

Mais pourquoi cette « pause » entre deux séries de missions à responsabilités, alors que dans la foulée de la direction adjointe du LAAS, on lui proposait le poste de la direction ? Parce qu’il ne voulait pas « perdre pied » dans sa recherche (pour laquelle il signera près de 300 publications durant toute sa carrière), mais aussi à cause de son tempérament, explique le chercheur. « J’ai un caractère un peu trempé, je n’hésite pas à dire ce que je pense et j’ai des positions assez tranchées. Lorsque l’on est directeur, on est en interaction avec le N+1, je n’aurais donc pas pu être moi-même, au risque sinon de compromettre la structure. Ce que je ne voulais pas, car j’avais le sens de l’engagement et je me sentais redevable de la chance que m’avait donné la France, un pays exceptionnel concernant l’égalité des chances, grâce auquel le fils d’espagnol que je suis a pu avoir ce parcours. Beaucoup de mes engagements portent la marque de ce regard que je porte sur la France. »

Rencontré la veille de son départ à la retraite, Germain Garcia avouait avec émotion qu’au-delà de la fierté d’avoir pu travailler « avec la fine fleur de la recherche », ce qui allait lui manquer le plus, c’étaient ses étudiants. « La fine fleur des bacheliers », aime-t-il dire aussi à leur sujet, s’insurgeant en même temps contre ceux qui affirment que le niveau académique a baissé. « Non, il n’a pas baissé ! Les jeunes sont dans l’immédiateté et n’acceptent pas qu’on puisse leur donner un cours sans qu’ils comprennent ce à quoi cela va servir, ce qui n’était pas notre cas. À nous de réinventer l’enseignement ! » Un positionnement qui explique certainement que ce jeune retraité ait choisi, en tant que professeur émérite aujourd’hui, de poursuivre ses activités d’enseignement et de recherche. « Ce que je fais, je le fais par conviction, car je crois au service public », justifie-t-il. « Et j’ai fait mienne la devise d’un général que j’avais eu au service militaire : ‘j’obéis d’amitié’ ! Or, cette école, je l’aime ! »

 

Rédaction : Camille Pons, journaliste

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