une « macro » chercheuse
au service des nano-objets
Elle fait partie des nominés IUF juniors, une récompense pour cette enseignante-chercheuse physicienne de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, diplômée de l’INSA Toulouse et membre d’un laboratoire de l’Institut, le LPCNO. Avec ce statut, Lise-Marie Lacroix pourra, pendant 5 ans, se consacrer davantage à ses recherches sur les nano-particules. Travaux dont les applications pourraient être prometteuses, tant dans le domaine bio-médical, pour le traitement des cancers par exemple, que dans le domaine électronique.

Lise-Marie Lacroix, maîtresse de conférence à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et membre du Laboratoire de physique et chimie des nano-objets (LPCNO), vient d’être nommée membre junior à l’Institut Universitaire de France. Cette nomination constitue pour la chercheuse, et son laboratoire, une formidable opportunité de faire avancer plus rapidement ses travaux. D’une part, parce que celle-ci aura davantage de temps à y consacrer puisque les lauréats IUF sont déchargés des 2/3 du service statutaire d’enseignement durant les 5 années de délégation. D’autre part, parce que la nomination donne droit à une enveloppe de crédits de recherche de 15 000 euros par an.
Les travaux de Lise-Marie Lacroix, qui a intégré le LPCNO en 2009, portent sur la synthèse de nanoparticules hybrides pour des applications biologiques ou électroniques. Son travail consiste, grâce à des réactions chimiques, à fabriquer des nanoparticules, contrôler leur taille, leur forme, pour faire apparaître de nouvelles propriétés. Ces particules peuvent ensuite être assemblées pour créer de nouveaux matériaux plus performants et moins polluants.
Parmi des applications potentielles, contribuer au traitement des cancers
Leurs propriétés intéressent les chercheurs comme outil d’innovation dans le domaine biomédical. « Par exemple », explique la chercheuse qui évoque les travaux de recherche fondamentale menés durant sa thèse, « pour le traitement des cancers, les particules peuvent libérer de la chaleur si on les excite avec un champ alternatif et ainsi chauffer localement les cellules cancéreuses pour les éliminer ou les fragiliser afin de les rendre plus sensibles aux traitements de chimio-thérapie. » Aujourd’hui, Lise-Marie Lacroix s’est tournée vers d’autres applications. Ainsi, les recherches qu’elle mène en équipe notamment avec Guillaume Viau, le directeur du laboratoire, pourraient aussi servir des applications micro-électroniques. Pour mettre au point, par exemple, de nouveaux matériaux magnétiques et les intégrer dans des composants haute fréquence afin qu’ils aient une capacité de filtrage plus efficace, des bruits de fond par exemple.
Sa discipline, la physique, tout comme sa spécialité en recherche, Lise-Marie Lacroix les a découvertes dès sa formation d’ingénieur à l’INSA Toulouse, qu’elle a intégrée en 1999. Une formation d’ingénieur qu’elle trouvait particulièrement « attrayante » pour ses côtés « bienveillant, pluridisciplinaire et avec prépa intégrée », mais qui ne devait constituer pour elle qu’une première étape. Car, et c’est peu courant, ce qu’elle voulait dès le collège, où elle a eu l’occasion d’effectuer son stage d’observation dans un laboratoire de l’INSERM, c’était être chercheuse.
Des stages dans la recherche dès le cursus d’ingénieur
Le parcours en formation d’ingénieur s’avère être un très bon choix, puisqu’il va la porter progressivement vers l’univers de la recherche, à travers trois expériences « géniales ». Elle aura ainsi « la chance », raconte-t-elle, de faire deux stages dans des centres R&D, d’abord dans une entreprise de plasturgie basée dans le Jura (d’où elle est originaire), Bourbon Automotive Plastics, puis, en année de césure entre la 4e et 5e années, au sein de l’entreprise Canon, au Japon, grâce à une bourse décrochée dans le cadre du programme Vulcanus. « À l’époque, on y faisait de véritables innovations, puisqu’on essayait de développer des écrans tactiles avec des matériaux organiques, alors qu’on se situait encore très en amont des premiers ‘devices’ en la matière. Ça été un véritable enrichissement à la fois personnel et professionnel ! » Immersion dans la recherche qu’elle complète en dernière année, cette fois-ci dans la recherche académique en Italie, au centre JRC (Joint Research Centre), un laboratoire de la Commission européenne.
C’est là que Lise-Marie Lacroix commence à travailler sur des applications biologiques. « Je travaillais sur des bio-capteurs pour changer l’état des surfaces. Parmi les applications possibles de ces travaux ? Par exemple guider une goutte de sang pour l’amener vers des capteurs et détecter ainsi des maladies, ce qui permettrait de faire un prélèvement sur une petite puce plutôt que dans un laboratoire », explique la chercheuse. Orientation qu’elle poursuivra durant sa thèse, soutenue en novembre 2008 à l’INSA et qui se prolongera par un post-doctorat à l’université Brown aux États-Unis durant 10 mois, et toujours un travail sur les nano-particules pour concevoir des bio-capteurs.
Un projet « solide », fruit d’un travail d’équipe
Le travail en équipe et la pluridisciplinarité dans laquelle l’immergent aujourd’hui ses travaux, puisqu’ils associent physique et chimie, sont des dimensions de son travail qu’elle aime tout particulièrement. Et qui justifient aujourd’hui cette nomination à l’IUF. « Tout ce que j’ai fait, c’est grâce à l’environnement remarquable de ce laboratoire », aime-t-elle souligner. « Ce travail n’est pas celui d’une personne mais de personnes extraordinaires, qui sont dans la collaboration, l’entraide. Et la nomination à l’IUF a été obtenue sur un projet intéressant et solide qui émane de 10 années de recherche de l’équipe dans ce domaine. »
Et ces cinq années qu’elle va pouvoir consacrer quasi-exclusivement à chercher, constituent pour elle un véritable cadeau, même si l’enseignante-chercheuse aime tout autant l’enseignement. « Le côté apprentissage et découverte perpétuels et les surprises parfois incroyables auxquelles on a droit, je trouve ça génial », se réjouit-elle. « Car on ne sait pas ce que l’on va trouver. Face à ça, je garde toujours un côté enfant émerveillé devant un cadeau d’anniversaire ! »
Nommée parmi seulement 70 chercheurs Juniors en 2022
164 postes IUF ont été ouverts au concours 2022 :
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- 82 chaires Juniors dont 70 chaires fondamentales,
- 82 chaires Seniors dont 70 chaires fondamentales.
Rédaction : Camille Pons, journaliste.

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