Ariane Abou-Chakra

Du recyclé à l’international

Elle vient d’être nommée à la coordination locale d’ECIU (European Consortium of Innovative Universities). Investie depuis son arrivée à l’INSA Toulouse dans la politique d’ouverture à l’international de l’établissement, Ariane Abou-Chakra s’intéresse aussi aux défis sociétaux, qui sont un des marqueurs de cette alliance européenne.

Un intérêt que l’on retrouve également dans ses travaux de recherche, puisque ces derniers portent sur l’utilisation de matériaux recyclés ou biosourcés dans le Génie civil.

 

Son fil conducteur ? « Le recyclé », aime bien répondre cette chercheuse spécialisée dans le Génie civil et membre du LMDC (Laboratoire matériaux et durabilité des constructions). Plus précisément le recyclage des matériaux pour la construction, ou, depuis plus récemment, l’utilisation de matériaux biosourcés pour celle-ci. La recherche, elle y est « tombée un peu par hasard », raconte-t-elle, grâce à « la rencontre d’un enseignant très passionné » qu’elle avait eu durant ses études d’ingénieur en Génie civil suivies entre 2001 et 2004 à Polytech Lille. Recrutée à l’INSA Toulouse en tant que maître de conférences à l’issue de son doctorat, en 2007, elle oriente ses recherches, dès son arrivée dans l’établissement, sur l’utilisation et l’optimisation de matériaux recyclés ou biosourcés pour le bâtiment.

Ses premiers travaux portent sur les matériaux cimentaires et plus spécifiquement sur la façon dont on pourrait utiliser des granulats de pneus recyclés pour des fondations, travaux qui ont fait l’objet de deux thèses industrielles financées par l’entreprise Menard qu’elle a encadrées. « L’idée était de faire travailler la fondation en même temps que le sol, donc d’avoir un matériau un peu déformable. Non seulement, le pneu peut se prêter à ça mais il fait aussi l’objet d’une problématique importante de recyclage », explique la chercheuse.

Des travaux inscrits dans des problématiques concrètes

Aujourd’hui, la problématique du matériau recyclé ou recyclable reste au cœur de ses travaux mais ces derniers s’intéressent depuis quatre ans aux matériaux biosourcés, « une problématique émergente et qui répond à un besoin exprimé par la communauté », précise encore Ariane Abou-Chakra. Son rôle consiste à réaliser des modèles mathématiques sur la base de données recueillies dans le cadre d’expérimentations pour fournir des prédictions sur la durabilité de ces matériaux dans la construction.

La dimension d’expérimentation est importante pour la chercheuse : celle-ci souhaite en effet avant tout œuvrer sur des problématiques concrètes ; elle inscrit donc ses travaux de modélisation « dans un vrai dialogue avec des expérimentateurs ». Démarche qu’elle applique, par exemple, aux travaux actuellement menés avec une équipe basée à Tarbes, et financés par l’ADEME (Agence de la transition écologique), sur des matériaux biosourcés testés sur une maison prototype de 10 m², notamment des produits locaux, comme par exemple le tournesol, très cultivé dans le Sud-Ouest. Des travaux qui portent autant sur la performance que sur la durabilité des matériaux. « Si nous sommes moins exigeants sur l’aspect mécanique – ces matériaux n’auront pas forcément un rôle structurel dans la construction -, en revanche, nous allons rechercher des performances thermiques, hydriques et hygroscopiques, qu’ils offrent un confort hygrothermique aux habitants, et des performances acoustiques, de résistance au feu et de durabilité », explique la chercheuse. « Et nous essayons d’avoir un matériau optimisé, d’où un fort besoin de prédictions, donc de travaux de modélisations pour prédire son comportement sur le long terme. » Sont ainsi observés, par exemple, les performances en fonction de l’orientation du soleil ou encore en fonction de la façon dont sont appliqués ces matériaux, par briques ou projetés.

Corinne Cabassud

Travaux menés avec l’équipe de Tarbes :
maison prototype, schéma de la maison, matériaux biosourcés utilisés

Motivée par les défis sociétaux

Ce qui la motive à œuvrer dans ce domaine ? Le fait qu’il y ait « tout à construire et donc de beaux défis à relever, car il reste beaucoup d’inconnus sur ces matériaux qu’on ne maîtrise pas encore », résume-t-elle. Ce positionnement sur des problématiques qui peuvent permettre de répondre à de forts enjeux sociétaux, on le retrouve aussi dans son implication dans ECIU. En effet, si l’enseignante-chercheuse montre un intérêt prononcé pour l’international depuis toujours – elle a assumé pendant des années la fonction de responsable RI mobilité sortante et a également été détachée durant un an au Pays de Galles, de 2020 à 2021 pour réaliser des recherches au sein du laboratoire de Cardiff Materials for life spécialisé sur la thématique des matériaux fibrés -, elle a accepté, depuis le début de l’année et pour deux ans au minimum, de devenir la coordinatrice locale d’ECIU, parce qu’elle est, dit-elle, « une fervente européenne » mais aussi pour les problématiques qui sont au centre de l’apprentissage déployé par l’alliance : des challenges proposés aux étudiants autour de défis sociétaux. « La transition durable m’intéresse depuis toujours et l’international aussi. Or, ECIU regroupe les deux aspects puisque les sujets que porte l’alliance s’inscrivent dans les objectifs environnementaux définis par l’ONU », explique encore la chercheuse. 

Ce sont des beaux challenges de la vie

Sa mission ? « Faire que le virus ECIU se propage localement et que la communauté y adhère. L’alliance a défini des actions que je suis en charge de déployer au niveau de l’INSA Toulouse. J’ai donc une mission de communication, pour motiver les enseignants-chercheurs afin qu’ils s’investissent dans celles-ci, mais aussi pour les faire connaître aux étudiants. » Entre autres réflexions qu’elle mène, figure par exemple la mise en place d’un dispositif de rémunération qui permettrait d’inciter les enseignants à s’investir dans la mise en place de ces projets interdisciplinaires européens.

Ariane Abou-Chakra puise également sa motivation dans « la variété des missions » qu’elle peut exercer. « Si je n’étais qu’enseignante, je me lasserais. Si je n’étais que chercheuse, je me lasserais aussi. Si je n’étais que coordinatrice locale d’ECIU, je me lasserais également », s’amuse-t-elle. « C’est la variété qui est intéressante, tout comme la variété des publics que je suis amenée à rencontrer, des partenaires, des chefs de projets… Ce sont des beaux challenges de la vie. »

 

Rédaction : Camille Pons, journaliste

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