[L’Actu – Juillet 2024]
Vers du gaz 100 % vert
Remplacer le gaz fossile par du gaz renouvelable n’est pas un sujet nouveau et il a déjà donné lieu à l’identification de plusieurs voies possibles. Ainsi, en s’appuyant sur la nouvelle plateforme d’expérimentation SOLIDIA, ainsi que sur un nouveau projet « DENOBIO » porté par la société ENOSIS, trois équipes de chercheurs de Toulouse Biotechnology Institute (TBI) travaillent à la mise au point d’un procédé innovant qui permet de produire une nouvelle forme de méthane renouvelable ou bas-carbone, substitut au gaz naturel d’origine fossile.
Plancher sur des procédés qui peuvent permettre de produire du biogaz n’est pas un sujet nouveau à TBI, car le gaz renouvelable est « un des vecteurs énergétiques du futur », comme le souligne le coordinateur de ce projet à l’INSA Toulouse, Sébastien Pommier.
Le projet DENOBIO est le fruit d’une collaboration, commencée de longue date, avec la société toulousaine ENOSIS, qui le pilote. D’une durée prévisionnelle de trois ans, DENOBIO fait l’objet, au titre du plan d’investissement France 2030 porté par l’État français, d’un financement de l’ADEME, l’Agence de la transition écologique. Les objectifs de DENOBIO ? Procéder à la dernière phase de l’industrialisation de la technologie dite de « méthanation biologique », c’est-à-dire construire et exploiter une installation vitrine industrielle et injecter le gaz produit dans le réseau existant de gaz naturel, optimiser certains points, préciser l’impact environnemental de la solution et ses modèles économiques.

Plateforme SOLIDIA
La plateforme SOLIDIA au service de l’industrialisation du procédé de méthanation biologique
Le projet DENOBIO est un projet systémique. D’une part, il a pour objectif la construction et l’exploitation par ENOSIS d’une installation pilote industrielle de méthanation biologique, au sein d’un site de méthanisation situé dans la région des Hauts-de-France. D’autre part, il vise à injecter le méthane renouvelable ou bas-carbone produit dans le réseau local de gaz naturel exploité par GRDF. Pour ce faire, ENOSIS a obtenu une dérogation de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie).
Parallèlement aux travaux relevant du démonstrateur industriel, les trois équipes de TBI, vont mener, en coordination avec ENOSIS, plusieurs activités complémentaires dont, notamment, une modélisation numérique avancée du procédé et les expérimentations correspondantes, l’optimisation de la gestion des cultures mixtes utilisées par le procédé, la caractérisation avancée des bilans énergétiques afin de pouvoir optimiser les performances énergétiques du procédé.
Valider l’intérêt de la plateforme SOLIDIA et la promouvoir
Les perspectives d’application vont au-delà des travaux propres à une entreprise. « En concrétisant ces scénarios énergétiques et en levant des inconnus technologiques, il s’agit de participer au développement de la filière », précise Sébastien Pommier. « Une étude régionale avait montré que passer au 100 % gaz vert d’ici 2050 était effectivement réalisable sur le territoire d’Occitanie moyennant une réduction d’un quart de la consommation, mais il reste à vérifier si cela peut fonctionner à un coût raisonnable et en levant des freins réglementaires. »
Le projet doit également permettre de promouvoir la plateforme SOLIDIA dédiée à la valorisation du biogaz, quelle que soit la technologie. « Une plateforme qui propose de travailler à échelle intermédiaire, en permettant de travailler avec du vrai biogaz et de l’hydrogène produit par un électrolyseur intégré à la plateforme, représente une étape intéressante dans un projet de maturation de la technologie, une étape entre la paillasse et l’industrialisation », souligne encore Sébastien Pommier. « C’est un équipement très stimulant car il permet de garder une approche de chercheur tout en ayant les mains dans le concret. »
Rédaction : Camille Pons, journaliste

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