Sandrine LAGUERRE & Gilles HÉBRARD
En tandem pour la voie verte
Elle a fait une école d’ingénieur en bio-statistiques et exerce en tant qu’ingénieure de recherche pour l’INRAe, avec une équipe de TBI au sein de l’INSA. Il a passé un doctorat et occupe la fonction de professeur des universités à l’INSA.
Ce qui les unit ? Les thématiques qui les portent. Mus par cet intérêt commun, ils se sont positionnés ensemble sur le poste de référent développement durable en 2019. Et c’est parce qu’ils étaient deux, disent-ils, qu’ils ont pu insuffler la démarche collective aujourd’hui à l’œuvre au sein de l’établissement.

Quand on les questionne sur ce qui les a amenés à s’intéresser aux questions d’éco-responsabilité, c’est d’abord un intérêt personnel que Sandrine Laguerre met en avant. Gilles Hébrard aime bien dire de son côté qu’il a moins « la conscience de l’urgence climatique » que Sandrine, mais qu’il est né dans un univers « naturel » qu’il aime et que c’est aussi l’envie de le préserver qui l’a motivé à transposer cet intérêt dans son activité professionnelle, la recherche.
Comprenant l’urgence climatique, je me suis dit qu’il fallait qu’on se mobilise ! – Sandrine Laguerre
« Les thématiques sociales m’intéressaient mais ne faisaient pas partie de mon activité professionnelle au départ », explique Sandrine Laguerre, entrée en 2008 à l’INRAe (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), après avoir exercé entre 1997 et 2008 en tant que statisticienne dans l’industrie pharmaceutique. « Mais comprenant l’urgence de prendre en compte les enjeux environnementaux, je me suis dit qu’il fallait qu’on se mobilise ! Mon implication relève d’abord d’une démarche personnelle : j’ai commencé par agir avec des petits gestes, comme réduire mes déchets, prendre le vélo, commander des produits frais à une AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne)… Et lors de la parution du rapport ‘Faire sa part’ [de Carbone4, qui donne à voir l’impact des actions individuelles et collectives, ndlr], qui montre que celle-ci est indispensable mais qu’elle reste insuffisante, j’ai réalisé que mon travail pourrait constituer un lieu idéal pour expérimenter cette transformation sociétale. » C’est ce qui va l’amener, dès 2019, à animer le groupe recherche éco-responsable de TBI.
C’est dans le cadre de ce collectif qu’elle va rencontrer Gilles Hébrard, docteur en ingénierie du traitement et de l’épuration des eaux, professeur des universités qui a été aussi directeur du département Génie des procédés : eau, énergie, environnement entre 2015 et 2021, à l’INSA Toulouse. La nature et sa préservation font partie de son « ADN », aime-t-il dire. Celui-ci a en effet grandi au sein d’une famille d’agriculteurs, dans le Tarn-et-Garonne, « sur un site exceptionnel », et a réussi, en 1995, à intégrer TBI « en parlant de [s]on amour de la nature et en évoquant [s]on envie de protéger l’eau » dans sa lettre de motivation adressée au directeur de l’époque, pour y réaliser une thèse qui portait sur un procédé de dépollution de l’eau. Le traitement de l’eau est, depuis, resté l’une de ses thématiques principales de recherche, avec la production de biogaz ou encore le développement de procédés pour remplacer les pesticides organiques en utilisant de l’eau ozonée. Toutes sont des thématiques en lien avec les enjeux de transition écologique et énergétique.
Des résultats et des projets
Ces deux profils avaient donc toutes les chances de s’accorder s’ils venaient à se croiser. Unis par ces intérêts communs, ils vont du coup avoir l’idée de postuler à deux sur la mission de référent développement durable de l’établissement laissée vacante durant deux ans.
Un poste qu’ils occupent maintenant depuis 2021 et activité qui a donné lieu à des actions très concrètes depuis (lire les articles : édito de Bertrand Raquet et bilan GES). Et à des moments particulièrement marquants… Le binôme se réjouit ainsi des premiers résultats qu’il a obtenus, entre autres : sur le restaurant universitaire, où la mise en place de menus végétariens hebdomadaires a permis de réduire l’équivalent de 35 % les émissions de CO2 entre 2022 et 2023 ; ou encore avec le service infrastructures, avec lequel ont été définies des limitations de températures dans les bâtiments (ne pas chauffer au-delà de 19° l’hiver et ne pas climatiser en dessous de 26° l’été), ce qui a permis de réduire la consommation d’électricité de 10 % ; ce à quoi s’ajoute l’inscription de cette politique dans le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens 2024-2026. « Une belle victoire, car beaucoup d’établissements déclarent qu’ils vont suivre les recommandations nationales mais n’affichent rien », se réjouit Gilles Hébrard. « En inscrivant ces objectifs dans le contrat, on se donne toutes les chances de les atteindre ! »
Autre gros motif de satisfaction, le travail enclenché sur le campus autour de la biodiversité, en partenariat avec le Muséum de Toulouse. « Parce qu’on est dans une démarche positive, celle qui va consister à re-végétaliser le campus, ce qui est différent d’une démarche de réduction, de sobriété. On va construire ! », s’enthousiasme Sandrine Laguerre.
Le fait d’être à deux est une véritable force.
Parce que nous incarnons deux visions différentes, nous élargissons les cibles que nous allons pouvoir convaincre ! – Gilles Hébrard
À deux, ils sont plus forts
Le secret de l’efficacité de ce duo ? Leur « complémentarité », comme ils aiment le souligner. « Gilles a beaucoup d’expérience dans le domaine environnemental et énergétique et bénéficie d’une forte reconnaissance à l’INSA, ce qui nous aide à porter ces thématiques. Et moi, j’ai cette conscience de l’urgence et je suis membre des collectifs Labos1point5 [collectif ayant l’objectif de mieux comprendre et réduire l’impact des activités de recherche scientifique sur l’environnement, ndlr] et de l’AtEcoPol [Atelier d’écologie politique de Toulouse, collectif pluridisciplinaire qui fédère des scientifiques réfléchissant aux bouleversements écologiques, ndlr]. C’est un équilibre parfait ! », explique Sandrine Laguerre. « Le fait d’être à deux est une véritable force », complète Gilles Hébrard. « Nous sommes ainsi capables d’être sur plus de fronts. Et parce que nous incarnons deux visions différentes, nous élargissons les cibles que nous allons pouvoir convaincre ! »
Pour eux, voir « des choses s’enclencher », constater que « la prise de conscience augmente et que des pratiques commencent à être bien ancrées ici » constituent de grandes satisfactions. Mais ils aiment souligner aussi qu’ils ont bénéficié d’une synergie et d’une forte mobilisation qui était déjà en place sur l’établissement, notamment grâce aux actions menées par leur prédécesseur, Julian Carrey, au Comité ClimatSup et aux actions étudiantes. S’ils ne savent pas encore, à l’approche de la fin de leur mandat, s’ils vont poursuivre l’aventure sur ce poste, tous deux n’hésitent pas à mettre en avant cette belle impression qu’ils sont « utiles ». Et aujourd’hui, leur tandem est tellement efficace que l’INSA envisage même de garder le principe de binôme pour les mandats à venir…
Rédaction : Camille Pons, journaliste

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